Babibouchettes.ch Index du Forum
 FAQFAQ RechercherRechercher   MembresMembres   UtilisateursUtilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer   ProfilProfil   Messages privésMessages privés   ConnexionConnexion 

le discours d'albert

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Babibouchettes.ch Index du Forum -> génération babibouchettes
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
babibouche
Site Admin


Inscrit le: 28 Juil 2005
Messages: 132

MessagePosté le: Mer Aoû 03, 2011 12:46 am    Sujet du message: le discours d'albert Répondre en citant

Imagine le battoir communal de Palézieux, charmant village vaudois de Haute-Broye, avec ses longues tables de cantine sur les bancs desquelles se presse une foule joyeuse et bigarrée qui, en attendant la «partie officielle», déguste la soupe de chalet en suivant les évolutions de danseurs de country et les plaisanteries de circonstance servies par un animateur animé des meilleures intentions.

C’est la Fête Nationale et c’est qu’une fois par année.

Et cette année, en plus d’un conseiller d’état (Philippe Leuba, très à l’aise), du syndic (Christian Bays, très ému) et du pasteur (Jean-Jacques Raymond, très inspiré), albert le vert a été invité par la municipalité à faire un discours du 1er août.

Voici le texte de ce discours.
On ne peut évidemment pas parler d’intégralité quand on connaît la verve fatigante et les capacités de lecture digressives d’albert le vert.

Les admirateurs attentifs, les fans inconditionnels et les exégètes avisés des babibouchettes ne manqueront pas de repérer le caractère «hyacinthesque» de quelques passages au pathos affirmé. En matière de discours (surtout du premier août) comment ne pas se référer au facteur hyacinthe, mince de mine. (D’autres feront remarquer que certains pataquès et néologismes appartiennent au vocabulaire de ginette la poule.
Mais de toute façon comme disait je ne sais plus qui : «Madame Bovary c’est moi». Alors...).

Bien sûr certains vont parler d’humour et passer à autre chose. Mais si, au-delà des apparences burlesques éruptives, albert n’essayait pas de nous marteler discrètement (si on peut dire) une part de vérités frappées au coin des bois, dans la paix desquels nous savons tous que seuls nos pas en cadence font des trous dans le silence ?

Les répliques en rouge, pour ceux qui ont la couleur, sont les injonctions inutiles proférées par le manipulateur dans l’espoir insensé de contenir cet esprit libre dans les limites des bornes à ne pas dépasser.

Pour la bonne compréhension des propos qui suivent il est important de préciser que ce discours du premier août a été tenu un 31 juillet.
La syntaxe est d’origine et l’orthographe destinée à être lue à (très) haute voix.




le discours d'albert

off _
ah c’est à toi albert

euh oui mais alors non c’est à moi ? C’est vrai, les autres ils ont vraiment fini ? Parce qu’alors ils ont tout dit. Je sais pas si il reste encore des mots c’était monstre long on avait le temps de tout comprendre deux fois.
Mais bon aussi quand c’est très long on est pas obligé de tout écouter, des fois on regarde à côté pis on entend plus rien.

vas-y albert
oh mais moi ce sera vite fait parce que moi je suis pas du genre à parler beaucoup pour dire des choses qui servent à rien.

bon albert...
ah ben alors euh... >>> in
youhouhou éh oui c’est moi albert albert le vert ah bon tu m’a reconnu ? Mais oui quand t’étais petit t’étais bien plus petit t’étais assis sur le canapé et tes pieds y touchaient même pas parterre et tu regardais la télé, parce que y’a avait encore des choses bien à la télé y’avait «t’as 4 ans... » mais oui les babibouchettes avec le facteur hyacinthe et mademoiselle cassis oui voilà c’est ça.
bon c’est sûr que maintenant t’es nettement moins petit, quand tu t’es assis sur ton banc tu t’es tapé les genoux à la table. ben oui. mais alors moi je suis pas venu aujourd’hui pour parler de hier je suis venu pour faire aussi un discours comme monsieur leubi

non ba. leuba
ah oui ba ? comme babibouchettes, youhouhou !

albert...
et alors comme on me dit que d’habitude je dis beaucoup de bêtises alors ce soir pour pas en dire je les ai écrites. Ben oui comme ça je me tromperai pas de faire faux.
C’est pas facile de se rappeler de tout savoir par coeur.
Surtout quand tout le monde te regarde comme si t’étais un lampion allumé.
Bon moi j’ai des trucs : par exemple j’arrive jamais à me rappeler de comment s’appelle le nom de votre village, alors je sais que l’hiver, ici, il y a de la neige, je sais que dans la cour de l’école on fait des batailles de boules de neige et que la maîtresse elle dit de faire attention où on les lance : sur les oreilles d’accord, sur le nez on peut, sur la bouche aussi mais alors pas les yeux. Ben oui parce que c’est délicat ça coûte, les yeux, de la tête.

albert tu le fais ton discours ?
Oui oui oui, bon ben alors j’y vais parce que j’ai mon papier et je vais mettre la sardine, euh non le ton :
Lampions, allumettes, saucisses, fusées, papier de toilettes, moutarde, charbon de bois, vésuves, sirop, pailles coudées...
Ah mais non ça c’est ma liste de commissions : euh mais alors mince de mine que je me suis trompé de papier parce que c’est pas le bon. <<<
off _
Euh mais alors quel fouillis là-dessous... ah oui mais alors voilà.
>>> in _
Alors je recommence tout cette fois-ci. Avec le bon papier et le bon ton aussi comme si j’avais une cravate.
Citoyennes, citoyens... ah oui mais alors ça fait douze... citoyens et citoyennes : six et six ça fait que douze, et vous êtes quand même bien plus. Bon ben tant pis on dit que : un pour douze, douze pour le même prix. Comme à la Landi, d’accord ? // Je recommence :
Citoyennes, citoyens. Aujourd’hui c’est le jour des questions, des questions qu’on pose là où il y a de la place et qu’on oublie pas de reprendre en partant avec les papiers de sugus et les bouteilles vides. (...)

bon albert si t’as quelque chose à dire tu le dis sinon...
non, non, oui,oui, ça commence comme ça : Citoyennes, citoyens , aujourd’hui c’est un jour bizarre, un jour qu’on fête la nuit parce qu’on allume des feux ! (euh oui parce que d’habitude la nuit quand il fait nuit on voit rien : mais pour voir un feu allumé c’est mieux quand tout est éteint parce que si t’allumes quand il fait jour on voit pas que tu as allumé puisqu’il fait déjà jour, tu vois ? enfin tu vois ce que je veux dire ou tu veux que j’allume ?)

albert...
On allume des feux comme des bougies sur un gâteau pour se souvenir de trois doigts qui se sont levés comme un seul homme – mince de mine mon papier- ah mince j’ai fait comme ça avec les doigts pour montrer mais j’aurais pas dû... bon ben j’ai un autre papier... mince de mine j’en étais où ? citoyens j’ai déjà dit... euh...
ah oui : pour se souvenir de trois doigts – mais je les montre plus là - pour se souvenir de trois doigts qui se sont levés comme un seul homme au milieu d’une prairie qui penchait d’un côté et qui remontait de l’autre vers la cime blanche de ses monts où plane l’aigle au vol sublime. Tu m’as dit... euh mais tu m’as dit quoi ?

non je t’ai rien dit albert, continue (...)

Mais ce soir il n’y a pas que l’aigle au vol sublime qui plane parce que la fête de l’anniversaire normalement c’est demain. Mais demain c’est lundi. Et le lundi c’est pas un dimanche, alors on fait la fête ce soir parce que c’est mieux de faire la fête un dimanche soir comme ça on peut dormir au travail le lundi matin puisque de toute façon le lundi y’a pas grand chose à faire puisque c’est encore le début de la semaine.

si tu continues comme ça albert on va finir lundi
demain de toute façon c’est congé et c’est fermé partout.

même à la landi ?

Même à la landi.
Mais quand même. aujourd’hui on est le 31. le 31 juillet. Et voilà qu’on voit planer un doute : est-ce que ça compte vraiment de faire la fête le jour d’avant la fête même si on s’est mis sur son 31 ?
Parce que si on fait le premier doute le 31 juillet, demain ce sera aussi le premier doute et après tout le mois doute.
Et si le mois doute, moi je doute aussi, toi tu doutes et tout le monde doute. Alors que justement en ces temps troublés il ne faut pas douter, surtout pas du premier doute. Mais en fait... ah ben oui ce serait mieux : si on doute d’un doute on a plus aucun doute et si on a plus aucun doute on ne se pose plus de questions et si y a plus de questions ben on va passer à autre chose.

ça c’est une bonne idée, albert.

Paléziens, paléziennes... (oui alors là je voudrai quand même poser une question même si j’ai aucun doute : parce que bon ici c’est palézieux alors pourquoi on dit paléziens ? ben parce que si c’est pas les siens y sont à qui ? Alors que palézard ça irait bien : si t’es pas lézard tu te lèves tôt et si tu te lèves tôt le monde t’appartient youhouhou ! Et palézardes aussi c’est monstre cool parce que si y’a pas de lézardes c’est que c’est pas fendu et si c’est pas défendu c’est obligatoire.

albert je te rappelle que t’es là pour faire un discours du premier août
Paléziens, paléziennes... cette année a été pour vous une année exceptionnelle et elle le sera encore, puisqu’elle est pas encore finie d’être au bout. Oui, après les premiers doutes qui se sont envolés et qui planent encore à l’est, c’est ce qu’on -m’a racon-té, vous avez dit oui.
Oui mais c’est chaque fois la même chose : quand on a voté oui, deux semaines après on se dit qu’on aurait du dire non.
Et si on a voté non, 15 jours plus tard on se demande pourquoi on n’a pas dit oui. C’est pour ça qu’il y a beaucoup d’abstentions.
Mais si on s’est abstenu on va regretter d’avoir rien dit. Et de rien dire, ça c’est difficile.

oui pour toi albert ça doit effectivement être très dur
Quand on est petit à l’école on doit marcher par deux.
Quand on fusionne à Oron faudra marcher par 10.
Donc il y a des chemins qu’il faudra élargir.

Et alors quand tous les 4609 habitants qui habitent les dix villages se donneront la main, ça fera un immense picoulet de 4148 mètres de circonférence ce qui fait presque un kilomètre et demi de diamètre pour une surface de 137 ha. Au prix du mètre carré ça fait rêver... Toutes et tous, petits petites et grands grandes, mainmain dans la mainmain pour avancer ensemble sous le ciel étoilélé.
Ah oui mais alors en hiver quand la bise fut venue, main dans la main on fait comment pour se moucher ?
Donc vous avez dit oui !
Oui à une coloc à 10 et une coloc à 10 c’est mieux à partager qu’un petit pain à 20.
Mais alors c’est sûr de sûr que quand on est 10 dans le même appart il faut bien s’organiser. Surtout le matin et le soir pour la douche - on peut pas y aller tous en même temps aux toilettes - faudra faire une liste.
D’ailleurs la syndique d’écoteaux qui ne recule pas devant les images saisissantes a bien dit que la fusion c’était comme un mariage. Un mariage... déjà à deux, il paraît que c’est pas facile de savoir si on va dormir la fenêtre ouverte ou fermée, alors à dix...
et si en plus y’en a qui ronflent

bon albert écoute maintenant ils ont voté oui, ils ont voté oui !
tu vas pas casser l’ambiance.

Non mais oui, là maintenant c’est la pleine lune, de miel, c’est la fête, tout va bien, youhouhou ! Et pis on verra bien demain qui c’est qui qui fait la vaisselle, que je dise.
Car si le futur est devant, si le passé est derrière, le présent du subjonctif est pas facile à placer.

En cette période troublée et multiple l’individu, tamer, perd ses... /
ta mère ? quoi ta mère ?

je pense que c’est amer pas ta mère.
ah oui amer, comme la chicorée amère

voilà mais là, maintenant ce serait bien de penser à finir sur une note positive.
ah oui mais j’ai pas encore fini.

on est déjà à cinq pages et demi.
oui mais le monsieur au début euh monsieur leubi...

leuba, monsieur leuba
oui bon ben j’étais pas loin

parce que là si tu finissais en beauté...
parce que tu trouves que je suis pas joli ?

tu vois, une chouette citation ça ferait une belle fin.
ah mais j’ai encore des choses à dire que j’ai écrites sur mon papier mais si tu m’interromps tout le temps pour me dire des choses bien sûr que ça fait long

d’accord je dis plus rien : mais vas-y albert
euh oui mais alors j’en étais où ?

tamer.
quoi tamer ?

l’individu amer
ah oui.
En cette période troublée et multiple l’individu, amer, perd ses repères et peine péniblement à trouver sa place véritable dans la cacophonie pluridisciplinaire. / oups j’pensais pas que j’arriverai à la dire d’un coup celle-là / Et alors que des ministres chamarrés administrent à grande échelle les cartes des continents en tentant de coller ensemble le nord et le sud, l’est sur l’ouest, le sud dans l’est et l’ouest au nord, alors que des industriels industrieux concentrent, globalisent et conglomératent, alors que des financiers philanthropes se filent des tuyaux qui font flamber les matières, gonfler les bourses et s’effondrer les marchés, l’habitant de ce village qui habite ici s’assied sur le banc devant la maison quand il fait rose comme ce soir et une poussière rose monte partout entre les arbres.

Alors l’habitant de ce village qui habite ici, il sait.

Il sait que :
si il se rattache par la gravitation universelle à la planète Terre,
si il se constate géographiquement européen,
si il se définit patriotiquement suisse,
si il se célèbre viticolement vaudois,
si il se supporte sportivement haut-broyard,
si il s’est choisi politiquement oronais,
il demeurera à jamais affectivement de Palézieux.

Mais là, l’habitant à un doute :
Palézieux oui, mais... de la gare ou du village ?

C’est cette question qui fait de ce premier doute un exemple universel pour le monde entier planétaire, une image édifiante du combat permanent qui se déroule en nous-même entre le passé et le futur, entre le pluriel et le singulier, entre le local et le périphérique, entre 3 de Villette et un demi de Mont, entre la fusion et la confusion, entre le 31 juillet et le premier doute.

Ce premier doute qui nous étreint quand on s’assied sur le banc rose devant la maison en attendant le noir pour qu’il fasse nuit et qu’on puisse voir les feux qui scintillent comme des bougies sur le gâteau de nos monts indépendants qui annoncent un bruyant réveil.

c’est pourquoi ce soir dans ce battoir de Palézieux, avant de passer la parole à la poudre et le schüblik à la moutarde, je n’ai pas peur, par monts et par vaux et parmi vous d’affirmer solennellement et avec conviction

« Ich bin ein palézieuner ! »

et j’ajouterai
youhouhou
mince de mine



Palézieux, le 31 juillet 2011.







www.babibouchettes.ch
info@babibouchettes.ch
facebook - albert le vert[/img]
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer l'e-mail
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Babibouchettes.ch Index du Forum -> génération babibouchettes Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


SwiftBlue Theme created by BitByBit
Powered by phpBB © 2001, 2002 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com